J’explore les états du corps à travers la photographie et le volume.
J’envisage le medium photographique comme une peau capable de capter le sensible. Quand l’image manque la sensation perçue, je l’augmente, celle-ci devient alors objet, parfois cousue, brulée, associée à un travail sculptural ou s’accompagnant aussi de textes personnels ou d’écrits d’autres artistes. Les images qui en résultent sont autant de traces, de bribes incomplètes pour saisir ce qui nous traverse.
Mon travail se situe au croisement de techniques traditionnelles et de nouvelles technologies. Mêlant procédés anciens (anthotypes, cyanotypes, photographie argentique) et impression 3D DLP, capteur visuel et réalité virtuelle. Ces dialogues me permettent de matérialiser des sensations, des états de corps sans cesse rejouer au cours d’une vie.
La pratique de la danse contemporaine m’a permis de développer une approche esthésique de la photographie, une approche de l’image par le corps. Je me saisis d’expériences quotidiennes vécues anciennes ou récentes, réactivées selon le processus de création mis en place. Le point de départ est souvent simple, un geste banal comme une poignée de main, la dernière visite de ma maison d’enfance, un voyage, une pierre trouvée au bord de l’eau… De l’anecdotique à l’universel, ma démarche se construit à partir d’expériences sensibles protocolaires et performatives. Mes dernières recherches m’amènent vers de nouvelles corporéités qui interrogent notre place dans la société et les distorsions que le virtuel peut offrir : notre rapport au manque et à la finitude face à la possible réversibilité de la vie numérique, la matérialité de nos perceptions face à la déréalisation, la fragilité du vivant face au corps augmenté.